lundi 28 novembre 2011

La lecture ce vice impuni !


Dans l'introduction de son "Dernier inventaire avant 
liquidation" (rédigé et publié en 2000), Frédéric Beigbeder s'interroge :
"Pourquoi s'enfermer pendant des heures avec du papier au lieu de faire l'amour avec des êtres à la peau douce?" 
Et bien oui, la lecture nous enferme et cet enfermement est double: on s'enferme avec un livre et le livre vous enferme dans son histoire. C'est là tout le paradoxe de la littérature qui nous détourne de la vie mais nous l'enseigne en nous la montrant sous toutes ses formes - plus de vie, d'autres vies par le biais de la vie des autres. On comprend mieux alors ce goût pour la prison qui pousse le lecteur à fuir les êtres de chair et de sang pour s'intéresser à des êtres de papier. Nous cherchons dans les livres ce qu'il n'y a pas dans la vie réelle. Nous y trouvons le réconfort. Lire,c'est comme boire la tasse de thé dont parlait Graham Greene, celle qui réconforte. Oui, on lit parce que la vie ne suffit pas, qu'elle est parfois décevante et demande du courage. C'est pourquoi, à l'instar du buveur de thé de Graham Greene,tout lecteur effectue de longues pauses, pendant lesquelles sa vie réelle est suspendue, mise entre parenthèses pour mieux être élucidée. La lecture doit rester ce vice impuni, et cette drogue doit être dépénalisée là où la fantaisie et la tentation de brûler tous les livres sévit encore car c'est dans les livres qu'on apprend aussi à vivre sa vie. Quoi de plus précieux alors qu'un livre qui nous enferme pour mieux nous faire découvrir une vérité?

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